Indesirable, presque toujours le destin du vieux
Toute ressemblence avec le mensonge découle uniquement de balivernes
Auteur: mimouni abdelmalek 2002

.Le cycle de vie de l’humain parait fatidique par sa longueur. Le jeune espère vite finir avec la scolarité, trouver un travail, fonder une famille et vivre alors avec sérénité.


Passé la soixantaine, il se rend compte, qu’en faite la vie a été très courte pour lui, et de surcroît il a passé toute ces décennies dans des activités de procréation, de collecte de biens sans jamais penser a en profiter personnellement. Il devient conscient que son corps semble partir a l’abandon , son cerveau aussi commence a trébucher malgré ces centaines de milliards de neurones et sa masse d’ un kilo et demi de matière grise n’arrive plus a mémoriser quelques faits ou a localiser des données contenues dans ces cellules, ou a reconnaître des sons ou des odeurs. Son coeur parait ne plus osciller a son rythme normal de 3600 fois a l’heure. Il se rend a l’évidence qu’il ne dispose plus de l’égalité des chances face a une jeunesse de plus en plus vorace et aiguisée. Il se rend compte qu’il est devenu une victime, un indésirable, un mutant farfelu. Il sait maintenant que ses jours sont comptés, il a déjà vu le cimetière, le tombeau, le cercueil avec tous ses rituels. Il sent que ses neurones tournent au ralenti, et que les cinquante milles milliards de cellules qui constituent son corps ne peuvent plus rien pour lui , même le suicide normal journalier de quarante milliards de ces cellules et leur génération semble défaillant. Sa peau ne sue plus autant, elle est plus mince, plus rugueuse, des rides et ridelles s’installent de plus en plus. Son collagène et élastine (fibres de la peau ) ne réagissent plus, les mastocytes (arsenal contenant toutes les données relatives sur les envahisseurs ayant pris ce corps pour cibles ainsi que les moyens d’autodéfense) sont totalement impuissants contre cette armada hétéroclite qui déclenche le vieillissement. Les macrophages (cellules douane du corps) cesse d’envoyer de l’interleukine-1 a destination des lymphocytes (globules blancs), les lymphocytes Thelper (spécialisées dans les attaques) et leur océan d’immunoglobulines s’avouent vaincues. Il assiste alors , impuissant a la dénaturation et dégradation lente de son corps aux altérations continues qui attaquent son système. Des rides s’installent sur son visage et ailleurs, des taches brunes apparaissent sur sa peau , ces muscles deviennent mous, ces cheveux blanchissent. Il se rend alors a l’évidence que les cellules de vie sont programmées a mourir en un temps défini et ceci depuis la naissance et que rien au monde ne peut désactiver ce processus. En fait, l’humain est une machine ridicule puisque il porte en lui sa destruction par l’intermédiaire des bactéries et enzymes qui , passé un certain temps limitent la résistance de l’organisme , provoque un déséquilibre intérieur et accentue alors le sort sordide réservé a tout être humain. Le corps continue a se défigurer , a se bouleverser au point de ressembler a un phoque, le contenu et l’aspect humain ont disparu laissant apparaître un fantôme démesurément ventru et élastique.. Puis, un jour, cet étrange être entre dans l’état végétatif, puis le coma…dans son intérieur seulement il sait que tout est fini….il dispose encore de quelques minutes mais aucun mouvement musculaire n’est possible. Il sent, respire et pense mais partiellement, il sait maintenant qu’il passe de vie a trépas et son cadavre sera métamorphosé, pourri et éliminé par des vers, ses ossements résisteront un certain temps. Il sait aussi que son entourage est rejouit d’avoir pu se débarrasser de lui sans beaucoup de problèmes et a temps. Son corps a retrouvé un calme divin comme il n’a jamais senti, des flots d’idées asynchrones traversent son esprit , il voit sa jeunesse, sa famille, ses études, sa chaîne d’ADN avec sa structure hélicoïdale et son code génétique qui disparaîtra avec lui gardant a jamais l’intégralité de son secret. Il essaie dans une tentative désespérée de se rappeler a quoi ressemble la musique, l’amour, la joie, il renonce. Il essaie de dire un mot avant de partir, impossible , le noir total, il a déjà tout oublié. Il n’existait plus. L’homme pour bien vivre sa vie, devait en fait la commencer par une mort ratée et ainsi il se comportera autrement .